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1802, Agosto, 15, Paris
n.º 6253. |
Au citoyen Talleyrand, Ministre des relations extérieures Paris, 27 thermidor an X Le citoyen Lannes, ministre plénipotentiaire de la République à Lisbonne, a eu tort de quitter cette ville. Il a violé tous les usages et toutes les formes, et il a manqué au premier devoir d'un fonctionnaire public, qui ne doit pas quitter son poste sans l'ordre positif du gouvernement. Cependant la conduite du ministère de Lisbonne n'en est pas moins offensante pour le Gouvernement français. On ne devait jamais proposer de passe-ports, puisque c'était en quelque sorte accepter le défi d'une rupture avec la France. Les passe-ports une fois accordés, on ne devait rien publier sur cette affaire, afin de laisser le Gouvernement français maître de la conduire comme il aurait voulu. La réunion de ces deux circonstances montre évidemment un esprit de malveillance et d'inconvenance de la part de M. d'Almeida, qui aurait des conséquences funestes pour notre considération en Europe, si nous passions par-dessus. Le ministre français a manqué à la cour de Lisbonne par un style trop impérieux et par un brusque départ sans congé : il doit être blâmé. Ce ministre a également manqué à son devoir en quittant son poste sans ordre, et en compromettant par là la tranquillité de l'Europe : il doit être rappelé. Nous devons demander et insister pour que M. d'Almeida soit changé. Ainsi, la reine de Portugal changera son ministre, et la France le sien; les deux puissances auront été justes, car les deux ministres sont également coupables. Vous trouverez ci-joint ma réponse au prince régent. Vous l'enverrez, par un courrier extraordinaire, à Madrid, au secrétaire de légation Herman, qui obtiendra une audience du régent. Le citoyen Herman verra M. Pinto ; il lui fera connaître que nous demandons, sans bruit et sans éclat, que M. d'Almeida soit changé. Vous ne l'autoriserez à rester à Lisbonne que dix à douze jours. Quarante-huit heures après le départ de votre courrier pour Madrid, vous verrez M. de Souza ; vous lui ferez part de la lettre que j'écris au prince royal et de mon inviolable résolution d'employer tous les moyens, et même la force que j'ai dans les mains, pour punir tout ministre insolent, qui a si fortement compromis l'honneur de la nation dans cette circonstance. Vous lui parlerez, dans le sens de ma lettre, de la conduite du général Lannes, et de mon intention de faire, de mon côté, ce que le prince régent fera du sien. Vous pourrez même lui montrer la copie de ma lettre. Vous lui direz que, si M. d'Almeida n'est pas renvoyé, je lui donnerai l'ordre de quitter Paris et je déclarerai la guerre au Portugal; quelles que puissent être les conséquences de cette démarche, M. d'Almeida a insulté la nation avec trop d'astuce et d'impudence pour que je délibère. Vingt-quatre heures après que M. de Sousa aura expédié son courrier, vous lui remettrez une note dans laquelle vous lui porterez les plaintes les plus amères contre le ministre, en lui faisant sentir que l'on a toujours mille moyens de ne pas répondre à une demande faite dans un moment d'humeur. Vous développerez dans cette note toutes les démarches faites pour irriter le ministre français, et toutes les plaintes que nous avons à faire; vous demanderez pour satisfaction ce que je demande moi-même au prince royal. Cette note doit être très-détaillée et faite avec beaucoup de prudence. Bonaparte
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